Ce qui n’était au départ qu’un simple loisir, souvent mal vu par les parents ou la société en général, est en train de devenir un tel phénomène que bientôt plus personne ne pourra nier le potentiel sportif des jeux vidéo. Désormais parfaitement ancré dans le paysage et l’esprit des gamers, il reste encore à l’Esport de se faire mieux connaître et comprendre auprès du grand public pour complètement réussir sa mue, mais l’on sent bien qu’un tel exploit est possible.
Une progression exponentielle
Les chiffres de l’an passé montrent à quel point l’Esport est devenu une force, bien aidé dans son développement par la crise du coronavirus qui en a fait une des rares activités encore praticables même confinés, bien que la plupart des tournois IRL (In Real Life) ont été annulés.
Pour la première fois de l’histoire en 2020, les revenus de l’Esport ont dépassé le milliard de dollars avec précisément 1,1 milliard de revenus mondiaux totaux. Une somme assourdissante pour un sport encore seulement pratiqué par une seule frange de la population mondiale. Ces revenus proviennent essentiellement du sponsoring des équipes professionnelles, et c’est la Chine qui en a le plus bénéficié avec 385 millions de dollars de revenus en 2020, devant l’Amérique du Nord avec 253 millions et l’Europe avec 201 millions.
Le nombre de suiveurs et de fans de l’Esport ne cesse également d’augmenter, et celui-ci avoisine désormais les 500 millions de personnes, même s’il existe de grandes disparités entre ceux qui suivent absolument toute l’actualité et les compétitions d’Esport et ceux qui seulement aiment à regarder une partie de leur jeu préféré sur Twitch jouée par des pros afin de chercher à s’améliorer. Ce nombre de fans en 2020 est en augmentation de plus de 11% par rapport à 2019, et montre bien la croissance rapide de l’Esport parmi la population générale.
Les jeux les plus regardés par les internautes sont les grands classiques League of Legends (avec 348 millions d’heures regardées en un an), Counter-Strike : Global Offensive (215 millions d’heures) ou DOTA 2 (199 millions d’heures).
Téléphone et paris
Mais outre cette manière classique de consommer de l’Esport, deux autres pratiques ont également récemment émergé. Il y a d’abord l’Esport mobile qui a véritablement explosé en 2020, surtout grâce au marché des pays émergents (Brésil, Inde, Asie du Sud-Est) qui ont plus facilement accès à un téléphone qu’à un ordinateur. Ici, c’est sur Youtube plutôt que sur Twitch que se regarde l’Esport mobile, et les jeux les plus populaires sont différents avec notamment PUBG Mobile ou Garena Free Fire.
L’autre pratique nouvelle est la mode des paris sportifs sur l’Esport. Les paris sportifs sont aussi une activité en plein boom en ce moment, les innombrables pubs à la télé sont là pour le prouver, et désormais il est possible de parier sur des rencontres de l’Esport sur la plupart des grands sites de pari belges, comme le géant Circus, aussi facilement que si on pariait sur des matches de foot. Cette acceptation des compétitions Esport parmi les tournois des autres sports sur les sites de paris, tout comme l’apparition de rubriques Esport sur la plupart des grands sites Web sportifs, est la dernière preuve que l’Esport est désormais considéré comme un sport à part entière.
Alors que peut encore espérer gagner l’Esport ?
Et bien il y a encore du chemin à faire pour faire accepter l’Esport, et notamment auprès des plus anciennes générations qui n’y voient encore que des jeux vidéo inutiles. Si l’Esport est facilement accessible sur Internet, il est complètement absent du média plus classique qu’est la télévision et qui est majoritairement regardée par les personnes plus âgées. Des diffusions en direct de tournois Esport à la télé, comme pour les matches de l’Euro 2020 ou le tournoi de Roland-Garros, seraient une première façon de faire comprendre au monde que l’Esport demande un véritable talent et beaucoup de travail pour y performer, comme dans un sport plus classique.
Mais le véritable Graal après lequel court l’Esport n’a qu’un nom : les Jeux Olympiques. A chaque nouvelle édition, des sports inédits font leur apparition au programme olympique, comme le surf, le karaté, le softball, l’escalade et le skateboard aux prochains JO de Tokyo, tous des sports dont les nombres de fans, de pratiquants et d’argent généré sont bien inférieurs à ceux de l’Esport.
La grande différence et principale difficulté de l’Esport est bien entendu qu’il ne demande aucune performance physique ou presque, si ce n’est des réflexes aiguisés et une bonne endurance car les parties peuvent durer très longtemps. Mais certains autres sports, comme le tir notamment, ne sont que très peu exigeants physiquement également donc, en théorie, une sélection de l’Esport aux JO n’est pas impossible.
Il faudra probablement attendre encore plusieurs années avant de voir l’Esport accepté comme un sport comme les autres par le grand public, au même titre que le basket ou le ski, mais à la vitesse fulgurante à laquelle celui-ci progresse, il est fort probable qu’il sera bientôt impossible d’y échapper, qu’on en soit un fan ou un détracteur. L’Esport, s’il n’est pas le futur du sport, fera en tout cas partie des sports du futur.